À 26 ans cette jeune optométriste diplômée d’un Master Ingénierie de la Santé Spécialité Science de la Vision de l’Université Paris-Sud, est aussi la plus jeune Arbitre Internationale de France. Investie dans le monde des échecs depuis son enfance. Passionnée par le secteur de l’arbitrage c’est pour nous un immense plaisir qu’elle ait pu acceder à répondre à nos questions.
Quel a été ton 1er club ?
- Dans la ville où j'ai grandi (à Annoeullin, mon père s'en occupait) pendant 2 ou 3 ans puis ensuite à Lille et je n'ai jamais changé depuis !
Qui t’a initiée aux échecs ?
- C'est mon père qui m'a transmis sa passion (et ma mère aussi était joueuse) !
- Quels sont les tournois auxquels tu participes en tant que joueuse?
- Le tournoi incontournable pour moi en tant que joueuse est l'open d'Avoine en juillet auquel je suis fidèle depuis une dizaine d'années (voire plus) ; les opens de Lille et de Cappelle-la-Grande bien sûr ; et j'ai récemment découvert le tournoi du Cap d'Agde que j'ai adoré et que j'aimerais rejouer !
Quelles ont été tes motivations à devenir arbitre :
- Tout d'abord comme la plupart des arbitres c'était pour dépanner le club qui avait besoin d'arbitres pour les matchs d'interclubs. Puis j'ai pu arbitrer en tant que stagiaire dans des opens internationaux (Lille par exemple) et j'y ai pris beaucoup de plaisir. J'ai découvert le côté organisationnel et le respect des bonnes conditions de jeu pour les joueurs, qui me correspond bien. J'ai donc continué les formations pour gravir les échelons d'arbitre.
J'ai découvert le côté organisationnel et le respect des bonnes conditions de jeu pour les joueurs
A quel âge as-tu commencé la formation :
- J'avais un peu moins de 19 ans lors de mon premier stage (S4 à l'époque)
Combien de temps prend la formation pour devenir arbitre :
- Cela dépend surtout du temps libre que l'on a pour s'y consacrer ! J'étais encore étudiante donc je profitais des vacances scolaires pour pouvoir arbitrer des tournois sur une semaine. En 2013 j'ai eu mon premier titre d'AF4, puis AF3 en 2014, AF2 en 2015 ; et enfin arbitre FIDE en 2017 et arbitre internationale en 2019. J'ai eu un parcours assez rapide à mon avis !
A qui doit-on s’adresser pour être candidat à la formation d’arbitre :
- Les stages pour les titres nationaux sont organisés par les ligues et régulièrement annoncés sur le site de la DNA. Pour les stages d'arbitre FIDE il y en a normalement un par an en France, directement organisé par la DNA.
Où se déroule la formation :
- Là où les clubs/ligues se proposent d'en organiser !
En France nous sommes 91 femmes arbitres sur 1522 et seulement 5 arbitres FIDE ou Internationales
Combien de femmes arbitres êtes-vous en France/ en Europe / Monde :
- En France nous sommes 91 femmes arbitres sur 1522 et seulement 5 arbitres FIDE ou Internationales; le reste je suis incapable de vous répondre !
Est-ce ce qu’il te serait possible de nous expliquer les différents grades de l’arbitrage, du premier niveau à celui d’arbitre international?
- Anciennement les titres allaient de AF4, AF3, AF2 puis AF1 en même temps que arbitre FIDE et enfin arbitre International. Depuis 2018 les dénominations sont différentes : Il y a l'Arbitre Fédéral Club (AFC) / ancien AF4 ; la formation est axée sur la maîtrise des règles du jeu afin de pouvoir arbitrer un match, les compétences organisationnelles, la connaissance des compétitions fédérales et règlements fédéraux, le fonctionnement des pendules électroniques, et c' est pour ceux qui souhaitent arbitrer au sein de leurs clubs les compétitions par équipes par exemple.
Ensuite il y a l'Arbitre Fédéral Open (AFO1 et AFO2) / ancien AF3 et AF2 . Cela demande la connaissance du système suisse, compétences organisationnelles et et devoirs administratifs de l'arbitre avant et surtout après un tournoi ; plutôt pour ceux qui souhaitent réellement arbitrer des tournois (lents ou rapide) en tant qu'arbitre adjoint puis principal
Enfin il y a l'Arbitre Fédéral Elite (AFE1 et AFE2) / ancien AF1 : le titre d'AFE s'acquiert automatiquement au niveau national lorsque l'on acquiert le titre d'arbitre FIDE.
Pour devenir arbitre FIDE il faut suivre un séminaire FIDE (1 par an en France) puis réussir l'examen, et avoir 3 expériences dans des tournois homologués FIDE en tant qu'adjoint ou principal (on appelle ça des normes d'arbitre). Ce titre permet de pouvoir être arbitre principal d'un tournoi où les normes de joueurs sont possibles (un AFO ne peut pas délivrer de normes de joueurs). Pour devenir arbitre International, il faut déjà être arbitre FIDE et avoir 4 normes d'arbitre dans des tournois qui ont des critères plus précis (à norme, ou avec un certain nombre de joueurs, etc.)
Quel a été ton premier tournoi arbitré :
- Le premier Open en cadence lente que j'ai arbitré en tant qu'arbitre principale a été le 14e Open de Vandoeuvre en 2018 !
Quels sont les grandes rencontres ou tu vas officier en 2021 :
- Pour l'instant il est trop tôt pour les organisations de tournois en 2021 en raison de la crise sanitaire. J'arbitre pour la première fois un tournoi fermé de GMI du 30 septembre au 4 octobre 2020 à Chartres ; et normalement le 17e open de Vandoeuvre du 19 au 23 décembre 2020 !
Hormis la question de parité, peux-tu en quelques mots/lignes donner envie à des joueuses passionnées de venir vous rejoindre :
- Si vous avez le goût pour l'organisation de tournois, l'envie de transmettre notamment aux plus jeunes les valeurs du jeu d'échecs telles que le respect des règles, et la satisfaction d'avoir apporté aux joueurs des bonnes conditions de jeu, il faut vous former à l'arbitrage !
J'ai dû prendre la décision d'ajourner la partie (c'était encore prévu dans le règlement, mais plus maintenant!) devant la foule de spectateurs présente, un bon moment de stress !
Y a-t-il des erreurs à ne pas commettre pour devenir arbitre :
- L'erreur est humaine ! L'important est de savoir se remettre en question, et de ne pas se forcer à arbitrer si le plaisir n'y est plus.
Quelle a été la partie la plus dure à arbitrer depuis que tu es en fonction :
- Sans hésiter lors du 1er open de Vandoeuvre que j'ai arbitré : la ronde 1 s'est éternisée avec une partie entre un GMI ukrainien et un jeune français, ils jouaient encore uniquement avec l'incrément de 30 secondes alors que l'heure de la ronde 2 avait
sonné... J'ai dû prendre la décision d'ajourner la partie (c'était encore prévu dans le règlement, mais plus maintenant!) devant la foule de spectateurs présente, un bon moment de stress !
As-tu une anecdote pendant un tournoi que tu voudrais partager :
- Ce ne sont pas vraiment des anecdotes, mais j'aime beaucoup les grands événements dans lesquels une équipe de plusieurs arbitres est nécessaire (Championnats de France par exemple avec une dizaine d'arbitres), où il y a davantage un esprit d'équipe et de cohésion, et les moments de décompression que l'on passe ensemble après les rondes nous permettent justement de nous raconter les histoires de la journée !
Le sport de haut niveau féminin est de plus en plus appréciées par les spectateurs, aucun doute sur le fait que le jeu d’échecs y prendra sa place, as-tu des idées, des pistes pour y parvenir :
- Non je pense que ça viendra en même temps que les échecs en général ;)
Quelle observation fais-tu (de manière générale) entre une jeune joueuse et un jeune joueur en compétition, est-ce qu’il y a des choses qui les distinguent (comportement/motivation/émotion/fairplay/l’esprit de la gagne/etc...) :
- La première chose qui me vient en tête est la qualité d'écriture
et la propreté de la feuille de partie. Je vous laisse deviner pour lequel des deux elle est la plus lisible...). En dehors de ça je pense que l'enfance est la période où il y a le moins de différences entre les filles et les garçons. Par exemple, on remarque souvent qu'à l'adolescence les filles s'éloignent un peu plus du jeu que les garçons.
Les formules blitz /rapides sont-elles de plus en plus appréciés par les jeunes et est-ce une possibilité pour séduire de nouveaux joueurs :
- Peut-être ! Mais ça plaît aussi aux adultes actifs qui n'ont pas toujours
la possibilité de s'absenter une semaine entière pour participer à un tournoi lent.
D’après toi existe-t-il des activités sportives (physiques) qui s’accordent mieux avec la pratique des échecs :
- La boxe, pour le chessboxing !:D
Mon père n'a cessé de me la répéter (et encore aujourd'hui!) : « La menace est plus forte que l'exécution » de Nimzowitsch.
Chez toi, dans ta maison, le jeu d’échecs est toujours sorti :
- Il y a un jeu d'échecs de décoration oui, mais le vrai jeu pour jouer passe plus de temps au placard !
As-tu une citation d’auteur préférée :
- Oui parce que mon père n'a cessé de me la répéter (et encore aujourd'hui!) : « La menace est plus forte que l'exécution » de Nimzowitsch.
Quand tu pars en voyage (personnel) tu emportes un échiquier ou tu décompresses : - - Les rares fois où je pars en vacances pour faire autre chose qu'un tournoi d'échecs, non pas d'échiquier !
Y a-t-il un âge préférable pour initier les enfants pour qu’ils accrochent plus :
- À mon avis ça dépend du tempérament de l'enfant. Certains peuvent accrocher très tôt même vers 4/5 ans et pour d'autres il faudra attendre qu'ils soient un peu plus matures vers 7/8 ans.
Si tu devais donner envie à un jeune enfant (école primaire) de se mettre aux échecs en club, tu lui dirais quoi :
- Qu'il pourra jouer avec des enfants de son âge et de son niveau, qu'il pourra faire des compétitions avec ses amis et essayer de se qualifier pour les Championnats de France des jeunes et rencontrer des joueurs forts !
As-tu d’autres passions, hobbies :
- Pas autant que les échecs non, c'est le monde dans lequel je vis depuis petite !
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